« Ce n’est qu’une approche profondément ancrée dans nos sociétés qui dicte l’état actuel de la structure managériale »

Paul Bonnetblanc (N93)  

Chef de projet efficacité énergétique | Industrie et chaleur renouvelable

Ministère de l’environnement

Lors de l’émergence de ce sujet dans nos sociétés et surtout de sa présence dans mon champ de vision, que j’ai un peu de mal à dater, j’ai surtout retenu l’absence de parole des hommes portant sur l’analyse profonde de nos comportements. Au-delà peut-être du constat partagé, il y avait, il y a peu de solutions de proximité avancées au-delà d’un traitement juridique des questions liées à la condition des femmes. Concomitamment, j’ai lu un certain nombre d’ouvrages évoquant les conditions de l’émergence et de l’organisation de nos sociétés et finalement très récemment, j’ai pris connaissance des thèses rassemblées dans Sapiens de Yuval Harari. J’ai eu le sentiment que pour les hommes, en général, ce sera un long chemin, peut-être l’affaires d’au moins une, voire de deux générations pour évoluer. Et ceci explique selon moi, le mutisme des hommes dans cette première phase de prise en considération. Il faut en effet probablement, dans mon cas élever ses enfants pour parcourir tout un cycle et prendre la mesure des implications que portent ces changements : leur indépendance est à ce prix. 

Ma carrière professionnelle est divisée en deux parties, partagée entre le privé et l’administration publique. Dans mon cas, je n’ai eu de supérieures hiérarchiques femmes que pendant la deuxième partie de ma carrière, et incidemment quasiment que des femmes depuis que je suis rentré dans cette période de ma vie professionnelle. Et pourtant, je ne me suis pas posé la question au moment de ce changement de contexte. Peut-être rétrospectivement, tout au plus, je l’ai évoqué au détour de conversations, mais pas comme un point central. Premier constat donc, cela n’a modifié en rien ma façon de travailler. Je suis donc persuadé que la parité peut être atteinte sans difficulté factuelle, que ce n’est qu’une approche profondément ancrée dans nos sociétés qui dicte l’état actuel de la structure managériale.

Depuis, dans une approche à la fois intellectuelle via la lecture notamment, en réfléchissant à ces enjeux de manière globale mais aussi en me préoccupant de mon « dernier kilomètre », mes filles en l’occurrence et leur éducation, je m’insère dans une dynamique qui tente de mettre en pratique l’égalité. Je ne suis donc pas vraiment choqué – nous partons tous de cette situation, héritée depuis des siècles - mais plus sensible au fait, par exemple, que l’on coupe la parole plus souvent aux femmes qu’aux hommes ou que dans certains milieux professionnels les femmes sont quasiment absentes. Mais encore aujourd’hui, je ne lis rien de majeur qui donnerait les fondements de l’expression du changement exprimé par un homme, si ce n’est des injonctions, sans doute parce que cela touche également à l’intime et que l’on ne peut réguler cet aspect de vos vies. Pourtant, dans ma situation, je trouve que tout ceci pourrait être incroyablement naturel et humain : porter une attention égale aux uns et aux autres, se dire que lorsque nous avons un groupe de travail uniquement constitué d’individus masculins, il y a quelque chose qui cloche, que la moitié de l’humanité n’est pas représentée, plutôt que de s’inquiéter du fait que la parité ne soit pas atteinte.

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