L’humain et la raison reviennent au centre du jeu du développement durable. C’est une bonne nouvelle pour les ingénieurs : de nouveaux horizons leurs sont proposés pour exercer leur métier et faire face aux enjeux proposés par le développement durable.

Nous voyons tous les jours des prouesses scientifiques et techniques, et avons atteint un degré élevé de productivité dans toutes nos activités. Cette performance est toutefois lar­gement basée sur un système de production linéaire exploi­tant des ressources naturelles gratuites.

Chaque année dans le monde, entre 3,5 et 4 milliards de tonnes de déchets hors agriculture et construction sont pro­duits (Planetoscope selon plusieurs sources). Prenons l’exemple des téléphones portables : 720 millions sont jetés (ABI Research), dont très peu sont recyclés alors qu’ils contiennent des métaux rares. Selon la F.A.O. un tiers de la production alimentaire destinée à la consommation humai­ne dans le monde est perdue ou gaspillée.

La connaissance scientifique de notre environnement (cli­mat, biodiversité), la conscience des limites de ressources auxquelles notre mode de vie risque de se heurter n’ont jamais été aussi fortes.

Mais nous avons malgré tout encore du mal à inscrire les thèmes du développement durable dans les systèmes de gouvernance, particulièrement au niveau international, l’ac-tualité nationale illustre d’ailleurs aussi ce constat. Dans ce contexte, la vision proposée par René Dubos en 1972 lors du premier sommet de la Terre à Stockholm reste d’actualité : penser global, agir local. La raison, le bon sens commandent d’agir. Surtout lorsque nos conditions et notre cadre de vie sont concernés. Le volet humain du développement durable est véritablement central.

Nos conditions de vie, c’est ce que nous mangeons, les pro­duits et services que nous consommons, le lieu et l’environnement que nous habitons.

Le bureau du club professionnel Mines Environnement et Développement Durable remercie les contributeurs et rédac­teurs des articles de ce dossier :

• Bruno Parmentier (P72 et économiste) brosse un panora­ma des impacts des changements climatiques pour la pro­duction agro-alimentaire, et met en évidence la nécessité d’inventer et déployer de nouveaux modes de production pour nourrir l’humanité d’aujourd’hui et de demain. Nos ingénieurs ont du travail !
• Olivier Jan, Eric Labouze, Catherine Gomy et Véronique Monier (P88), spécialistes de l’analyse de cycle de vie, diri­geants et consultants dans les cabinets Bio Intelligence Service et Greenext, font le point sur l’affichage environne­mental des produits et services. Les consommateurs pour­ront-ils et voudront-ils privilégier l’impact environnemental le mieux maîtrisé dans leurs actes de consommation ?
• Noël Mangin, membre de l’institut d’économie circulaire, secrétaire général de Procelpac, propose une vision d’économiste loin des lieux communs parfois réducteurs sur l’écologie et l’économie. Comment pouvons-nous imaginer des circuits économiques optimisés et de ce fait plus res­pectueux de l’environnement, moins consommateurs de ressources ?
• Jean Félix, vice-président de EFCA et Alain Bentejac, coprésident du groupe d’ingénierie ARTELIA et administra­teur de FIDIC, fédération internationale de l’ingénierie, exposent les enjeux absolument majeurs, et les atouts de l’ingénierie française pour l’aménagement des espaces urbains.
• Jean-Louis Galzin (N66), membre du bureau du club Mines Environnement et Développement Durable, nous éclaire en invoquant économistes, sociologues et philosophes, sur les motivations, voire les nécessités qui nous pousse­ront à agir pour façonner un monde durable. Il nous invite à une nouvelle raison ! De quoi donner du sens, en plus de toutes les opportunités évoquées dans ce dossier, au métier d’ingénieur pour les générations actuelles et futures. ■